A la découverte du Pays Otammari : Le Beurre de karité

karite1Le karité, malgré le fait que celui-ci ne soit pas issue de culture au Bénin, se trouve être le troisième produit d’exportation du pays après le coton et l’anacarde. C’est à partir de son amende qu’est fait le beurre de karité, un produit mondialement connu de par son utilité dans la fabrication de produits cosmétiques ainsi que son utilisation dans la production de certains chocolats.

Dans cet article illustratif de mon séjour à Koussoukoingou, un site écotouristique d’EcoBenin,  nous verrons plus particulièrement de quelle manière se démarque cette matière grasse en pays Otammari, de son mode de fabrication, à son utilisation dans les coutumes du groupe socioculturel.

  • Le Karité, son fruit et ça noix

L’arbre de karité, connu sous le terme scientifique de Vitellaria Paradoxa est un arbre qui ne pousse à l’état sauvage qu’en Afrique de l’Ouest. Celui-ci fait partie de la liste des espèces menacées de l’Union Internationale pour la conservation de la nature (IUCN) dont Eco-Benin est d’ailleurs membre. Il s’agit en effet d’une plante qui est souvent affectée par les feux de brousse d’origine humaine.

Le karité produit un fruit comestible composé d’une pulpe très sucrée et fondante, et d’une noix. C’est à partir de cette noix que l’on obtient l’amande de karité qui est par la suite utilisée pour faire le beurre.

  • La fabrication du beurre de karité

Il s’agit d’un processus long qui demande énormément de travail aux femmes. Voici les six étapes principales de la transformation des noix de karité en beurre en pays Otammari:

  1. La cueillette de fruits de karité

La cueillette des noix de karité a lieu durant la saison humide de mi-juin à mi-septembre. Ne sont récoltés que les fruits ayant atteint leur complète maturité, soit ceux tombés naturellement au sol. En effet ces derniers contiennent une meilleure teneur en huile et assure un beurre de meilleure qualité sans arrière-goût. Le ramassage des fruits est une étape minutieusement organisée, du fait de deux raisons : Premièrement les arbres ne se trouvent pas au même endroit, comme précisé plus tôt, celui-ci ne fait pas l’objet de culture et pousse donc à l’état sauvage. Et deuxièmement, une fois tombés, les fruits doivent être récoltés assez rapidement afin d’éviter qu’ils ne germent ou ne moisissent.

  1. Le dépulpage

Deux méthodes de dépulpage existent. La première consiste simplement à manger la pulpe du fruit. Chose à laquelle s’adonne les enfants avec grand plaisir. Néanmoins, celle-ci étant très sucrée, cela devient vite écœurant. On en vient donc à la deuxième méthode, celle qui consiste à juste laisser les fruits sécher quelques jours afin que la pulpe s’enlève d’elle-même.

  1. La cuisson des noix

La cuisson des noix se fait généralement dans une marmite d’eau pendant 30 à 120 minutes. C’est une méthode de traitement thermique qui est souvent employée par les femmes.

La typicité des transformatrices du groupe socioculturel Otammari se fait à ce niveau ci. En effet ces dernières sont les seules à utiliser le fumage pour la cuisson des noix.

Dans l’Atakora, le fumage des noix de karité se fait grâce à des fours traditionnels en banco. Ces fours réalisés à partir de terre pétrie mélangée aux feuilles de fonio sont souvent retrouvés près des habitations. Ces fours de forme cylindrique sont assez basiques. A leurs bases, on retrouve une ouverture dédiée au foyer utilisé pour le fumage. Et sur le haut les noix sont retenues par un alignement de branches.

  1. Le séchage et le décorticage

Après avoir fait cuire les noix, les femmes les font sécher au soleil à même le sol ou sur des bâches pendant 5 à 30 jours. Sauf chez les Otammaris où cette étape n’est pas nécessaire grâce à leur méthode de fumage. Une fois sèches, les noix sont décortiquées, soit dans un mortier soit à l’aide d’un bâton.

  1. Le meulage et la torréfaction

Après avoir été décortiquées, les amandes de karité sont lavées puis broyées, soit à la meule dormante soit au mortier pour être ensuite torréfiées à la marmite.

  1. Le barattage et la cuisson

Le barattage est une opération manuelle qui consiste à malaxer la pâte jusqu’à l’apparition d’une crème. Celle-ci est lavée une à deux fois, puis cuite dans une marmite en aluminium sur des foyers traditionnels. Une fois cuit, on obtient une huile, qui est ensuite mise au repos pour la décantation. Pendant ce temps, les impuretés se déposent au fond et on récupère l’huile à l’aide d’une calebasse ou d’un bol. Celle-ci est ensuite stockée.

  • Le beurre de karité chez les Otammari

Dans ce groupe socioculturel, le beurre de karité est principalement utilisé pour la cuisine, mais pas seulement. Celui-ci joue également un rôle majeur dans le processus de scarification du groupe.

Comme toutes les ethnies au Bénin, les Otammaris pratiquent la scarification faciale comme mode d’identification et comme signe d’appartenance. Néanmoins, contrairement aux autres ethnies, les Otammaris s’adonnent à une scarification faciale totale. Celle-ci typique de la région de l’Atakora consiste en une série de traits verticaux et horizontaux très fins et rapprochés qui viennent quadriller le visage entier des membres de cette ethnie. La précision et la minutie de ce travail de scarification se constate dans le fait que cette dernière, bien qu’elle occupe tout le visage, ne se remarque pas au premier coup d’œil. Généralement, ce symbole d’appartenance se fait sur les enfants dès l’âge de 3, 4 ans. Après le processus de scarification qui est entièrement fait en une seule fois, les coupures sont désinfectées quotidiennement et traités avec du beurre de karité. En effet, les qualités hydratantes et assouplissantes de la substance grasse en font une excellente pommade cicatrisante.

Par Elodie Manceau

Envie de visiter le pays Otammari, contactez ECO-BENIN : ecobenin@yahoo.fr, www.ecobenin.org

 

 

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